L'association ASP Armorique, basée à Châteaulin, apporte "aide, soutien, présence" aux personnes gravement malades. Ses 50 bénévoles actifs, dûment formés, interviennent en partenariat avec les soignants en EHPAD et dans des établissements hospitaliers du Sud Finistère. Son président Henri de Grissac, neuropsychiatre à la retraite, n’a pas attendu le lancement de la Convention citoyenne sur la fin de vie pour s’intéresser au sujet. Il a bien voulu nous éclairer sur le sens de son engagement.
Qu'est-ce qui a motivé votre démarche en direction des soins palliatifs ?
La motivation pour être bénévole d'accompagnement en soins palliatifs s'est installée progressivement du fait de mon métier d'écoutant et de soignant. Je crois qu'elle est en germe dans mon enfance et mon adolescence et les épreuves dans ma vie ont aussi joué un rôle.
Durant ma carrière, j'ai été confronté à la mort de personnes jeunes ou moins jeunes, mais jamais je ne leur ai lâché la main et toujours j'ai été auprès des proches. Comme psychiatre, j'ai soigné un grand nombre de personnes mélancoliques et suicidaires. En effet la Bretagne a le « record » des suicides réussis en France et en Europe.
Quel est l'enjeu de l'intervention des bénévoles ?
La présence de bénévoles contribue au maintien d’un lien social fraternel auprès des personnes en fin de vie. C'est le retour à la tradition universelle de l'accompagnement des mourants entourés de leurs proches, des voisins, du curé éventuellement et une révolte contre le « mal mourir » ou la « mort précipitée » en France dans nos hôpitaux. La société civile a été à l'origine des soins palliatifs en France, vers 1985, comme cela l'a été en Grande Bretagne vingt ans plus tôt. L'accompagnement de fin de vie c'est « faire ce qui reste à faire quand il n'y a plus rien à faire ».
Quel bilan humain côté malades ?
Le soulagement de la douleur est un droit fondamental de toute personne. L'accompagnement par des soins palliatifs se traduit surtout comme un témoignage fort de notre dignité. De mon expérience de médecin, puis de bénévole, je peux écrire avec d'autres ceci : « Je n'ai pas fait des études médicales pour euthanasier des vivants mais pour être là, en lien jusqu'à la fin. Euthanasier n'est pas accompagner ni aider à mourir, c'est tuer délibérément une personne. L'acharnement thérapeutique n'est pas un soin, c'est inutile et inhumain. La sédation profonde et continue jusqu'au décès est un soin, la mort n'est pas provoquée. Celui qui prône l'euthanasie est tombé dans un piège : celui de la compassion. »
Votre position personnelle sur ce sujet a-t-elle une composante religieuse ?
En aucun cas. Comme l’association, je me positionne sur un plan purement laïque et humaniste. « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », énonce l’article 1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.