C'est à Sillé Le
Guillaume, où il enseignait l'anglais dans les années 80, que
Dominique Franchet, a connu le déclic pour devenir conseiller
principal d'éducation, au contact de Jean-Pierre Laurat, un CPE
d'une qualité humaine hors pair.
« Vu les questions
que tu poses au système, il ne faut pas que tu restes à la salle
des profs ! », lui glissait celui qu'il désigne comme son
mentor. Le temps a vite passé. Depuis 1er septembre 2016,
l'ex CPE du collège La Tourelle, à Quimper, est en retraite. Un
vrai déchirement pour celui qui a placé l'humain au cœur de son
métier.
Dominique Franchet se
remémore, deux mois plus tôt, ce vendredi 1er juillet.
Par une méga haie
d'honneur surprise, 200 anciens élèves du collège, mobilisés sur
les réseaux sociaux, manifestent leur sympathie à Dom, leur
conseiller principal d'éducation au grand cœur.
Etait là, applaudissant,
aligné avec d'autres, Elouen qui a quitté le collège en 2010 et
s'apprête à commencer à Londres une école de musique :
« C'est la personne au collège qui m'a le plus marqué. Il
était là pour que tout aille bien. Toujours cool avec tout le
monde ! ». Etait là aussi Lisa, partie en 2007, étudiante
en licence de gestion des Relations Humaines : « Il était
proche de nous et se décarcassait pour que tout se passe bien. ».
Et combien d'autres ravis de faire craquer Dom, sidéré, stupéfait,
marchant entre élèves, parents et amis, comme un somnanbule, les
mains sur le visage pour contenir son émotion. Puis n'y tenant plus,
hébété, Dom craque sur une épaule secourable. Avant d'être
réconforté, à tour de rôle, par les uns et les autres....
Visiblement très touché
par tant de sympathie, Dom ne s'y attendait pas ! Le secret
avait été bien gardé...
Son credo ? « Mettre au
point des pratiques en profitant des espaces de liberté que
permettent les textes. L'autonomie des établissements rend possible
la prise d'initiative ! » insiste-t-il. Et aussi : « J'ai
beaucoup appris des élèves. Le plus souvent, les conduites rebelles
sont l'expression d'une peur ou d'un mal être plus qu'un manque de
respect pour les personnes ou l'institution...»
A ceux qu'il appelle ses « canards
boiteux » ou les « 4 ou 5 cauchemars de salle des
profs », Dominique Franchet tient un langage de vérité et les
invite à se projeter : « Ce que tu seras quand tu auras
30 ans, c'est maintenant que tu le choisis ! ».
Et de poursuivre : « Les
jeunes ont besoin de trouver du sens. Mais pour communiquer avec eux,
il faut poser une parole crédible. Si on propose à un ado un modèle
parfait, il ne peut pas y adhérer ! Je suis un vieux
crabe qui apprend aux petits crabes à avancer. Et parfois moi aussi
-oups- je suis tombé...»
Le plus touchant de l'aventure, ce sont
les messages de remerciement que Dom reçoit d'élèves qu'il a
aidés. « Je n'aime pas punir. C'est nécessaire quand la ligne
jaune a été franchie. Mais si on n'aime pas les gosses, dit-il, on
ne peut pas les amener très loin ! A l'inverse si on est
ouvert, on les invite à s'ouvrir. Un homme ne vaut que ce qu'il
donne ! »