jeudi 16 août 2012

Jean-Luc TAR. Les peintres sont des fausseurs de compagnie

Jean-Luc TAR mène de front une vie professionnelle bien remplie dans le monde des affaires, l'éducation de ses enfants et trouve encore du temps pour des activités artistiques.




Peintre lui-même et artisan des arts plastiques, il aime évoquer le passage de la peinture figurative du Moyen Age, - qui était le reflet de la vie -, à celle de la Renaissance encline à faire passer d'autres messages. Avec un ami, il étudie l'influence de Jérôme BOSCH sur les périodes ultérieures. Tenant d'une thèse selon laquelle l'oeuvre du peintre aurait été protégée de l'obscurantisme religieux, il puise dans cette recherche une soif de décryptage du travail des maîtres.
Mais il nous présente d'abord l'une de ses propres créations. Datée du 21 juin 1997, elle évoque la Fête de la Musique.






Question de néophyte : pourquoi, dans ce tableau, les visages des personnages n'ont-ils pas d'yeux, de nez, de bouche, ni d'oreilles ?
La musique, en elle-même, permet aux sens d'être en effervescence, dans une communion. A la manière de Magritte qui, dans certaines de ses toiles, ne figurait pas les détails du visage, le tableau peut quitter un peu l'artiste pour appartenir à l'observateur. Dans la zone claire, dominante par rapport à l'arrière-plan, chaque couche créée au couteau accentue ou diminue l'éclairage. Sur ce fond très foncé, dans la symbolique du monde de la nuit, de la fête, le spectateur est invité à créer les expressions, impressions et sentiments des personnages.

A la manière de Magritte ?
Oui, Magritte est l'exemple des « fausseurs de compagnie ». La liberté d'interprétation peut être un leurre pour qui ne dispose pas d'éléments clés. Lorsque l'on sait que Magritte a vécu un drame dans son enfance, on peut faire un rapprochement entre sa biographie - pour le lecteur qui aura la curiosité de s'y reporter - et quelques uns de ses personnages voilés. Plus subtilement, dans d'autres créations, la symbolique de la fenêtre fermée invite à aller voir ce qu'il y a derrière et ouvre une suggestion d'approfondissement. Ou encore, la figuration d'une autre réalité à l'intérieur d'un personnage central révèle suffisamment l'intériorité de l'artiste pour susciter l'intérêt, mais garde sa part de mystère. Au-delà du premier plan, il faut aller chercher les autres richesses du tableau. En remontant le temps, nous observons que les écrits codés de Vinci livrent un éclairage de sa peinture, mais obligent au décryptage pour ne pas délivrer trop vite ses messages. Et puis comme les papillons de nuit, nous pouvons être aveuglés par la lumière des flashs de la grande salle du Louvre et, à côté de la Joconde, ignorer un sublime portrait du Titien.

Concernant le décryptage, quels indices peuvent-ils nous guider ?
Jérôme Bosch semble beaucoup devoir à la Compagnie Notre Dame, qui aurait protégé de l'Inquisition son œuvre particulièrement iconoclaste. Vinci et Durer citent dans leurs écrits la compagnie sans nommer Bosch et ceci sans doute, dans un haut souci de discrétion.
Dans nombre des tableaux de Bosch, on trouve le personnage de la chouette. La chouette, à la différence du hibou, a les yeux décalés, l'un plus bas que l'autre, ce qui ouvre à une vision particulière. Dans un autoportrait, Bosch s'est représenté avec le même décalage des yeux. Omniprésent dans ses toiles, le volatile représente-t-il l'artiste lui-même ? Evoque-t-il l'alchimie ? Le regard ?
Sans un minimum de clés révélées, on peut passer à côté des messages de la peinture.
A la différence de Vinci et Durer, Bosch n'a rien écrit. Dans le « Jardin des délices », certains signes pourraient nous mettre sur une piste égyptienne : triangles, plume de Maat. En outre, la chouette aurait un rapport avec les hiéroglyphes. On peut s'étonner d'y trouver aussi une girafe, un éléphant, alors qu'il est établi, qu'en 1450, il n'était jamais allé en Afrique.

Contact :  jeanluc.tar@gmail.com

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