mardi 18 septembre 2012

Jacqueline JEGOU. L'importance de l'écoute




Naturopathe, praticienne en thérapie traditionnelle chinoise, Jacqueline JEGOU invite chacun à se prendre en charge, se poser les bonnes questions et à trouver une attitude d'écoute.






En quoi votre pratique professionnelle permet-elle à vos patients de porter un autre regard sur leur propre vie ?

Dans un premier temps, je pense que l'on vient au monde avec une hérédité qui ne nous rend pas égaux. Ainsi, nous pouvons être dotés d'une nature optimiste, pessimiste… et de ce fait , avoir un comportement différent.

L'éducation que l'on reçoit nous permet d'évoluer différemment en fonction de notre milieu socio-culturel.

Notre hygiène de vie prend en compte beaucoup de paramètres. Faisons-nous du sport, respirons-nous bien, rions-nous suffisamment, nous permettons-nous de chanter par exemple ?
L'alimentation, aussi, est très importante. Nous prenons soin de choisir le carburant adapté à notre véhicule, il ne nous viendrait pas à l'idée de mettre du gas-oil dans un moteur à essence. Malheureusement, si j'ose dire, notre corps a une capacité d'adaptation qui lui permet "d'éponger" pendant longtemps nos erreurs alimentaires, nos excès.

Notre vie n'est pas linéaire, nous nous enrichissons des bonheurs vécus mais aussi des moments douloureux, négatifs… Parfois, malgré cette conscience, nous nous trouvons comme dans une impasse. Je mange correctement mais je prends du poids, je fais du sport mais je suis toujours fatigué(e), je pratique la relaxation mais je n'arrive pas à maîtriser mes colères ou je n'arrive pas à dormir…

Nos émotions. C'est important : colère, peur, joie, tristesse. On apprend à les vivre et non à les ancrer en nous. Si une émotion n'est pas bien vécue, on va l'installer en nous. Cela va perdurer et se transformer en symptôme, en maladie. C'est ainsi que ça se passe. Donc c'est à chacun de nous de comprendre pourquoi. Pourquoi suis-je toujours en colère, irritable ? Pourquoi je n'arrive pas à dire les choses ? On pourrait se poser des centaines de questions.
Nos émotions, même négatives, sont importantes. Colère, peur, tristesse font partie de nous mais ne doivent pas nous empêcher d'avancer. Elles sont aussi là pour nous protéger :
Pourquoi n'aurions-nous pas envie de traverser une route sans nous inquiéter des voitures, si nous n'avions pas peur de nous faire écraser…
Nous ne devons pas non plus n'exister que par elles, n'être que colères, irritabilité…
Une remise en question est parfois nécessaire, réfléchir au pourquoi nous avons tendance à toujours accuser les autres de notre mal-être… C'est plus simple que de se pencher sur soi…
Nous avons tous des aspirations et il est important de les cerner : prendre conscience de ce que l'on est, de ce que l'on voudrait être, de ce qui pourrait être changé en nous ? Faire en quelque sorte un état de conscience comme on fait un état des lieux, dans une nouvelle maison…

Je propose d'être à l'écoute des personnes qui viennent me voir. Ce métier me comble, chaque séance étant différente même si je suis la personne depuis longtemps…


Vous pourriez dire que vous vivez, à travers eux, leurs émotions ?

Evidemment, on ne peut pas être à la place de l'autre. Mais essayer de comprendre leur émotion. S'ils sont dans la tristesse, je ne vais pas leur dire : « Oh, ce n'est pas grave ! » On ne peut pas vivre au travers de la personne. On vit ses propres émotions. Etre à l'écoute. Se poser les bonnes questions, pour comprendre ce qui ne va pas. Pourquoi tel symptôme perdure-t-il ? Si j'attrape un rhume, au lieu de foncer à la pharmacie, se faire une tisane au thym, prendre une huile essentielle. Ecouter ce qu'il se passe. Pratiquer un peu de prévention aussi : qu'est-ce que je mange ? Qu'est-ce que je peux faire pour éviter de tomber malade ?
Non, bien sûr… Je ne suis pas à leur place et j'ai mon propre filtre. Simplement accepter leurs émotions, ne pas juger, être à leur écoute, poser les bonnes questions pour que la personne découvre elle-même ses solutions.
Je ne suis qu'une béquille et j'encourage les personnes à devenir autonomes, responsables d'elles-même

Porter un autre regard sur sa vie peut permettre de l'embellir mais aussi porter un autre regard sur ce qui nous entoure : un coucher de soleil, le bruit des vagues, des odeurs, le rire des enfants… peut permettre de se sentir heureux et donner du goût à la vie.


C'est essentiellement un travail de conscience ?

Si ce que vous appelez un travail de conscience c'est se dire que l'on doit se remettre en question toute sa vie, alors oui c'est un travail de conscience. Ce que l'on croit savoir aujourd'hui peut être faux demain, sans se renier. Simplement, à 30 ans nous sommes différents de ce que nous étions à 20 ans et ce que nous serons à 50…
La nature humaine est en perpétuelle évolution. Se sentir bien sur son chemin et non pas sur celui de l'autre… accepter nos failles mais prendre conscience de nos forces nous permet de naviguer à travers les récifs de la vie.


Faut-il donner du temps au temps ?

La vie est un puzzle. Nous nous construisons pièce après pièce pour obtenir une très belle image. Il ne sert à rien de s'impatienter, de se presser…


Et l'intuition ?

L'intuition pourrait être cette petite voix tout au fond de nous… Nous sommes parfois parasités par tous les bons conseilleurs qui nous entourent alors que la réponse, notre réponse est au fond de nous… Il suffit de s'écouter et ne pas remettre dans les mains des autres, notre vie.

Auriez-vous une proposition d'attitude pour l'écoute intérieure ?

Notre écoute intérieure ? Moi je vais commencer par observer les choses. Autour de moi. Observer les gens. Etre à l'écoute. Et puis... C'est difficile à expliquer cela. C'est subtil... Eh bien, laisser les pensées venir à moi. Sans m'énerver. Sans me prendre la tête. En essayant de rester le plus simple et le plus humble possible. C'est quelque chose qui se travaille tous les jours. La personne qui dit « ça y est, maintenant je suis humble », à mon avis n'a pas compris grand chose. C'est simplement essayer la simplicité, l'humilité, et les choses découlent d'elles-mêmes. Elles découlent en nous tout simplement et notre réponse vient naturellement, sans avoir à se prendre la tête.
Peut-être commencer par observer les choses, les gens, les entendre… mais pas forcément les écouter… Laisser les pensées venir à soi, en prenant du temps, en essayant de rester humble, simple… Un travail quotidien, une manière d'être…


Ne risquons-nous pas de trop faire travailler notre mental ?

Non, lorsque l'on parle du mental, il y a une idée de raisonnement… Dans cette attitude, on laisse venir les idées, on peut les laisser passer mais on peut aussi les laisser s'imposer parce qu'elles sont celles qui nous conviennent.


Quand on agit de cette façon, nous sommes tournés vers l'intérieur, bien au-delà du sens de l'ouïe ou du sens du toucher ?

Nous sommes entourés d'énergie sans l'associer à la spiritualité (concept propre à chacun). En thérapie chinoise et dans de multiples thérapies, nous travaillons avec l'énergie céleste, tellurique. Etre équilibré, c'est être centré. Etre décentré nous fatigue, nous épuise, nous courons dans tous les sens avec la sensation de ne pas avancer…
Laisser faire aussi. Nous sommes dans une société dans laquelle nous devons tout maîtriser pour exister, pour avoir un pouvoir…
Se connaître soi-même nous permet de connaître les autres, ou tout au moins de les percevoir, de les reconnaître comme un peu de nous-mêmes… en attendant de connaître l'univers… Déjà un petit début…

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