dimanche 31 août 2014

Robert Joubin. Tragédie contemporaine



Robert Joubin, metteur en scène, responsable du pôle théâtre de Quimper, a puisé dans un récent voyage à Epidaure l'envie de montrer à quoi sert le théâtre dans la cité. Comme son homologue de l'antiquité, il se trouve dans le rôle du professionnel qui met en mouvement des comédiens amateurs.








Complexes, cruelles, à la manière de la tragédie grecque dont elles s'inspirent, il s'agit de faire vivre les relations entre individus sous le prisme coloré de la condition humaine et de se poser une question : nos besoins ont-ils changé depuis 2500 ans ?

L'envie d'aimer, d'être aimé, l'inadaptation à la relation amoureuse sont au cœur de la tragédie contemporaine créée collectivement par douze acteurs amateurs qu'il accompagne, tous habitant le quartier du Moulin Vert. Il s'agissait, dimanche 8 juin 2014, au Théâtre Max Jacob de Quimper, du premier tableau d'une trilogie. Les deux suivants évoqueront les thèmes de l'emprise, puis du pouvoir, avec vingt deux autres comédiens qui viennent, eux, du quartier de Kerfeunteun.

« Ce sont, souligne le metteur en scène, trente quatre personnes qui habitent Quimper et les alentours et témoignent d'une certaine vision de la vie. Ces gens-là, à notre époque, sur ce thème-là, dans cette ville, à cet endroit, en 2014. »

Si la vraisemblance, la pertinence des situations conflictuelles, la manière réaliste dont chaque acteur habite son personnage percute la sensibilité du spectateur, c'est à la singularité du processus de création que le public le doit. Après étude de pièces antiques dès la rentrée de septembre, chaque comédien a choisi un personnage, l'a fait évoluer sur un travail de plateau. Improvisation et observation de ce qu'il se passe dans les corps qui se côtoient.

« On sait, développe Robert Joubin, si les acteurs sont présents et s'il y a une relation à l'autre qui est en jeu. Cela a du sens. Ce n'est qu'ensuite, qu'est venue, comme allant de soi, en février, l'écriture des dialogues. D'autres acteurs (qui seront sur scène, en second plan, des récitants habillés de noir) imaginent, avant de connaître l'histoire réelle, ce que ressent la personne à l'intérieur de sa présence à l'autre, et l'écrivent. Ils ont perçu l'essentiel et ça marche ! »

Avec le public aussi cela fonctionne. Les saynettes s'enchaînent. Un enseignant désabusé, pris à partie par une mère d'élève, distille avec l'art consommé du second degré, un fatalisme assumé. On vit encore une scène de confidences entre hommes interrogeant le ressort d'une relation amoureuse : amour ou pulsion de reproduction ?

Faire jouer les habitants du lieu, c'est peut-être simplement pour Robert Joubin, comme à l'époque antique, contribuer à trouver du sens à la vie ? La pièce aurait pu se jouer à Epidaure...

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