Gabrielle Garcia, fille de José Garcia, républicain espagnol exilé en
France en 1939, est née à St Malo. Gabrielle n'a de cesse de tenter
de restaurer la mémoire familiale et nationale de ses ancêtres.
Auteure de « Pour entrer dans Grenade » (Mare
Nostrum éditions) et personnage central de « Lettre
à Gabrielle » un film d'Alain Gallet-dont
son livre a servi de fil rouge-, elle est en prise avec
l'itinéraire d'un père meurtri par la douleur d'un rêve brisé, en 1939,
comme des milliers de républicains espagnols qui franchissent la
frontière franco-espagnole à la suite de la chute de la seconde
république espagnole et de la victoire du général Franco.
« C'est
une histoire, dévoile le réalisateur, racontée du côté de
Gabrielle qui cherche aussi à se retrouver (…). C'est un
film qui se situe résolument du côté des fils de et filles
de, qui ont leur part de fardeau à porter en héritage, mais un
héritage qui a sa part de fierté, de grande fierté. (...) Cela
passe par l'intime, mais l'intime n'est pas l'indiscret. C'est même
souvent à mes yeux du collectif partagé, enfoui. (…) Car
derrière le nom à consonance étrangère inscrit sur la boîte à
lettre de notre voisin, il y a bien souvent une histoire singulière,
elle est parfois douloureuse. Et nous n'en savons peut-être rien.»
Gabrielle
répond aux questions de Persona.
Vous
évoquez, au début du film, « le mystère que je sentais
émerger en moi... ». Ce mystère est-il levé ?
Complètement
levé. Mes recherches ont commencé très jeune et je les poursuis
actuellement. Le mystère c'est mon appartenance à l'Espagne
républicaine, à l'Espagne du « Genil » de Lorca,
berceau de ma famille. Et, dorénavant, je suis près de ces hommes,
de ces femmes, qui se sont battus pour la justice sociale pendant la
république. Oui je l'ai levé et ça me rend heureuse. Il s'agit
d'un bonheur intime.
Comment
avez-vous entendu ce que votre père ne vous a pas dit ?
L'espagnol
est très expressif. Il n'y a pas tellement les mots. Il y a le
regard. Il entamait la conversation « Tu dois savoir... »,
commençait-il, et parfois s'arrêtait, se retournant. C'était très
important ce qu'il ne disait pas. Il commençait ses phrases. Il
n'arrivait pas ou ne voulait pas les terminer. Avec ses phrases, il a
commencé mes chapitres. C'était à moi de les remplir...
Comment
vous sentez-vous d'avoir fait ce travail de mémoire ?
Je
me sens heureuse de l'impact que ce travail de mémoire a pu et peut
avoir chez d'autres enfants républicains espagnols qui, eux, n'ont
pas su ou pas pu interroger leur père et découvrir leur propre
histoire. Je les ai aidés à retrouver leur identité. C'est
mon héritage. Et c'est maintenant que je le reçois, à travers ses
compagnons, journaliers de la vega de Grenade, que j'ai retrouvés
par mes recherches et rencontres.
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