Jean-Luc TAR mène de
front une vie professionnelle bien remplie dans le monde des
affaires, l'éducation de ses enfants et trouve encore du temps pour
des activités artistiques.
Peintre lui-même et
artisan des arts plastiques, il aime évoquer le passage de la
peinture figurative du Moyen Age, - qui était le reflet de la vie
-, à celle de la Renaissance encline à faire passer d'autres
messages. Avec un ami, il étudie l'influence de Jérôme BOSCH sur
les périodes ultérieures. Tenant d'une thèse selon laquelle
l'oeuvre du peintre aurait été protégée de l'obscurantisme
religieux, il puise dans cette recherche une soif de décryptage du
travail des maîtres.
Mais il nous présente
d'abord l'une de ses propres créations. Datée du 21 juin 1997, elle
évoque la Fête de la Musique.
Question de néophyte
: pourquoi, dans ce tableau, les visages des personnages n'ont-ils
pas d'yeux, de nez, de bouche, ni d'oreilles ?
La musique, en elle-même,
permet aux sens d'être en effervescence, dans une communion. A la
manière de Magritte qui, dans certaines de ses toiles, ne figurait
pas les détails du visage, le tableau peut quitter un peu l'artiste
pour appartenir à l'observateur. Dans la zone claire, dominante par
rapport à l'arrière-plan, chaque couche créée au couteau accentue
ou diminue l'éclairage. Sur ce fond très foncé, dans la symbolique
du monde de la nuit, de la fête, le spectateur est invité à créer
les expressions, impressions et sentiments des personnages.
A la manière de
Magritte ?
Oui, Magritte est
l'exemple des « fausseurs de compagnie ». La liberté
d'interprétation peut être un leurre pour qui ne dispose pas
d'éléments clés. Lorsque l'on sait que Magritte a vécu un drame
dans son enfance, on peut faire un rapprochement entre sa biographie
- pour le lecteur qui aura la curiosité de s'y reporter - et
quelques uns de ses personnages voilés. Plus subtilement, dans
d'autres créations, la symbolique de la fenêtre fermée invite à
aller voir ce qu'il y a derrière et ouvre une suggestion
d'approfondissement. Ou encore, la figuration d'une autre réalité à
l'intérieur d'un personnage central révèle suffisamment
l'intériorité de l'artiste pour susciter l'intérêt, mais garde sa
part de mystère. Au-delà du premier plan, il faut aller chercher
les autres richesses du tableau. En remontant le temps, nous
observons que les écrits codés de Vinci livrent un éclairage de
sa peinture, mais obligent au décryptage pour ne pas délivrer trop
vite ses messages. Et puis comme les papillons de nuit, nous pouvons
être aveuglés par la lumière des flashs de la grande salle du
Louvre et, à côté de la Joconde, ignorer un sublime portrait du
Titien.
Concernant le
décryptage, quels indices peuvent-ils nous guider ?
Jérôme Bosch semble
beaucoup devoir à la Compagnie Notre Dame, qui aurait protégé de
l'Inquisition son œuvre particulièrement iconoclaste. Vinci et
Durer citent dans leurs écrits la compagnie sans nommer Bosch et
ceci sans doute, dans un haut souci de discrétion.
Dans nombre des tableaux
de Bosch, on trouve le personnage de la chouette. La chouette, à la
différence du hibou, a les yeux décalés, l'un plus bas que
l'autre, ce qui ouvre à une vision particulière. Dans un
autoportrait, Bosch s'est représenté avec le même décalage des
yeux. Omniprésent dans ses toiles, le volatile représente-t-il
l'artiste lui-même ? Evoque-t-il l'alchimie ? Le regard ?
Sans un minimum de clés
révélées, on peut passer à côté des messages de la peinture.
A la différence de Vinci
et Durer, Bosch n'a rien écrit. Dans le « Jardin des
délices », certains signes pourraient nous mettre sur une
piste égyptienne : triangles, plume de Maat. En outre, la
chouette aurait un rapport avec les hiéroglyphes. On peut s'étonner
d'y trouver aussi une girafe, un éléphant, alors qu'il est établi,
qu'en 1450, il n'était jamais allé en Afrique.
Contact : jeanluc.tar@gmail.com
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