Plasticienne
textile, Val HOLMES expose dans plusieurs pays. Auteure de sept
ouvrages sur le sujet, elle enseigne à des élèves anglophones et
francophones.
En quoi la
formation en art textile que vous proposez est-elle un chemin
d'évolution personnelle ?
Il s'agit d'abord de ma
propre évolution. Lorsque j'enseigne, j'apprends deux fois. Pour les
élèves, il y a deux plans. Tout d'abord, le plan technique.
Certains pensent qu'un apprentissage de savoir-faire leur suffit pour
être artiste. D'autres sont ouverts à la deuxième dimension qu'est
la partie conception. Cela suppose d'aller chercher dans son propre
vécu quelque chose en soi. C'est plus facile dans la durée.
Quand je commence à
connaître les personnes, je les aide plus facilement. Avec de petits
groupes, on peut trouver les moyens de faire des choses incroyables.
Cela suppose de ne pas rester dans le « à quoi ça sert ? »
ou dans le « je suis nulle en art » hérité d'un passé
scolaire en art plastique.
Le travail sur les
résistances, c'est mon rôle. Je suis un peu celle qui tenant la
plume, aide l'éléphant Dumbo à voler. Bien-sûr, il faut qu'il y
ait un rapport de confiance. Sans cela, je ne peux rien. Les gens
apprendront quelques techniques, mais n'avanceront pas. Si, au
contraire, ils font confiance, l'avancée peut être phénoménale.
Je ne sais pas pourquoi, mais c'est la vérité.
Si j'explique pourquoi on
fait ça, à quoi ça va servir, les personnes résistent.
De plus en plus de gens
savent qui je suis. Plus les gens croient, plus je suis capable de
les aider.
Comment faites-vous
pour les faire avancer ?
Lorsque je critique un
travail, normalement, je demande la permission :
« Est-ce que tu le
veux avec ou sans les gants ? ».
Bien-sûr, on peut
caresser dans le sens du poil, mais si la personne, en deuxième
année, me réclame toujours les gants, on peut se demander ce
qu'elle fait là.
Dans une école de
beaux-arts, on souffre. L'étape suivante, c'est d'acquérir une
capacité d'auto-critique. A condition que ce ne soit pas une
dénégation de surface : « Ah ! Je suis nulle ! »
Certaines personnes
apprécient d'être critiquées. C'est un autre œil sur la vie. Avec
la capacité qui s'acquiert de critiquer les choses jusqu'au bout.
Par exemple, en visitant une exposition d'art contemporain. Ce n'est
pas seulement un travail personnel. C'est la capacité d'avoir un
regard sur autre chose. On n'est plus dans des apprentissages d'art
plastique parfois trop complaisants.
La démarche est très
individuelle. Il s'agit de trouver ce qu'il y a à l'intérieur de
soi et de le sortir.
Il n'y a pas un processus
reproductible de untel à untel.
Sortir ce qu'il y a
à l'intérieur de soi, s'agit-il d'art thérapie ?
Il y a deux façons de
pratiquer l'art thérapie.
On peut passer du temps à
la table de travail. C'est ce que j'appelle du « killing
time ». On s'occupe pour éviter d'aller trop loin. On peut, au
contraire, choisir de regarder les choses en face. Tout simplement
pour mieux se connaître soi-même. La compréhension ne passe pas
forcément par de la difficulté. Par exemple, le passage à la
retraite n'est pas obligatoirement mal vécu. La notion de mieux se
comprendre ne passe pas automatiquement par du dramatique.
Si je travaillais avec
des recettes, cela m'empêcherait de faire avec le feeling. Je peux
échouer. Mais j'échouerais plus si je n'avais pas le feeling.
Pour en savoir plus, cliquer ici.
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Témoignage de
Catherine, ex- psychologue, élève de Val HOLMES
En quoi votre
travail en art textile, avec Val HOLMES, a-t-il été un chemin
d'évolution personnelle ?
Quand Val a commencé à
présenter son projet au groupe dont je fais partie, elle a dit :
« Vous allez suivre
un chemin personnel , chacune à votre allure. Ce cheminement
évolutif vous amènera, pour vous exprimer, à être dans vos
travaux ce que vous êtes vraiment. C'est plus un cheminement
personnel qu'un chemin. Dans ce cheminement, il s'agit d'abandonner
tout ce qui est formel, conventionnel. »
Pour ce qui me concerne,
j'ai conscience que tout ce qu'on emmagasine au cours d'une vie pour
parvenir à la gérer nous emprisonne, ou plutôt nous ligote. Ce
travail est une façon de faire éclater toutes les barrières ,
les limites, dans la vie professionnelle, personnelle.
Etre moi-même m'amène à
reconsidérer ce que j'avais construit, pour produire des choses qui
seront peut-être d'intérêt moyen. En fin de vie professionnelle,
on est habitué à ne recevoir que des compliments. La mise en face
de soi-même peut être difficile à vivre.
Justement, comment
vivez-vous l'expérience artistique ?
Val a l'art de trouver
les mots pour faire progresser chaque membre du groupe. Les mots
qu'il faut pour déclencher quelque chose sont parfois vigoureux. Si
tu te dis que tu es venue là pour te reposer, non, tu ne te reposes
pas !
Cette démarche n'est pas
neutre. Tu produis une partie de toi. Il faut laisser tomber ton
savoir pour être toi-même, pour découvrir plein de choses sur
toi-même, dans le domaine artistique. Pour savoir ce que tu es
capable de créer, en dehors des normes qui ont toujours été les
tiennes, de ce que tu as appris, lu dans les bouquins. Pour sortir de
toi-même un produit qui soit de toi.
S'agit-il d'une
déconstruction ?
Oui. Pour moi, à l'âge
que j'ai -73 ans-, ma solidité personnelle me permet d'accepter
cette déconstruction. Les personnes plus fragiles vont faire, vont
produire. Elles vont rester au premier niveau, sans être
déconstruites. Mais on a le droit d'avoir des mécanismes de
défense, de se protéger. En entrant dans ce travail, on s'expose
plus ou moins dangereusement. Pour ce qui me concerne, c'est la
dernière fois que je peux me mettre en situation d'apprendre des
choses, de me révéler. L'âge est là. Et vient le temps où tu ne
peux plus déconstruire, car il faut avoir le temps de
reconstruire... C'est le dernier temps où je peux me mettre en
situation de déséquilibre.
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