Montrer sa ville, Quimper, sous un
angle personnel, loin des clichés, c'est l'une des passions de
Thierry Bécouarn, photographe. En dévoilant quelques clés de
lecture de sa recherche créative, l'artiste livre un peu de l'homme
dans son intériorité.
Comment parlez-vous de votre
démarche artistique ?
Plusieurs thèmes me tiennent à cœur :
l'évocation des gens qui ne sont plus là, la solitude, le couple,
l'échec de la famille. C'est une évidence, je parle de moi dans mes
photos. Je ne recherche pas spécialement le beau. Plutôt les
atmosphères, les ambiances, les scènes un peu lourdes. Plutôt que
le beau, je recherche ce qui a du sens. Mon encre, c'est l'ombre et
la lumière. Elle me sert à illustrer ce que j'ai au fond du cœur
et qui ne sort pas forcément au cours d'une discussion. La photo est
une discipline qui en vaut une autre. L'important, c'est d'avoir un
support pour fixer les idées et échanger avec les autres. Echanger,
c'est expliquer, commenter mon regard sur la mort, la famille, sur
plein de sujets et surtout recevoir ce que les autres voient dans mon
travail. C'est souvent très différent de ce que j'écris. J'ai une
écriture et ils ont une lecture totalement différente de ce que
j'écris. Quand je vois de la noirceur dans mon travail, eux y voient
beaucoup de poésie. Je vois de la nostalgie, une forme de tristesse.
Ils voient de légèreté, de la joie. C'est très ambivalent. Ce que
j'écris est lu différemment. Pratiquer un art, c'est exprimer ce
que l'on a au fond de soi, si possible de telle façon que le lecteur
lise ce qu'on a voulu exprimer. Et là, c'est le contraire qui se
passe. Et quand je dis le contraire, c'est souvent à l'opposé.
(Crédit photo : Thierry Becouarn, "La photo par passion". Tous droits réservés)
Pour illustrer votre propos,
pouvez-vous commenter la photo ci-dessus ?
Elle s'inscrit dans la thématique de
"l'ombre et la lumière". L'ombre étant alternativement la mort et la
vie. Ici, c'est le manège qui représente l'enfance et la joie. Je
l'ai mis dans l'ombre. Et j'ai mis dans la lumière les chaises vides
qui représentent les gens qui ont disparu. Le sens de circulation
suit la logique de la vie qui va de la petite enfance avec le manège
vers les chaises vides qui figurent l'âge adulte et la disparition.
Sur la droite en haut il y a quelques petites lumières et un passage
vide. C'est le passage par lequel les âmes sortent. Cela donne une
idée de ce qu'est ma matière intérieure. A partir d 'un sujet
qui me plaît, je commence par quelques prises de vues et j'avance
pas à pas dans la réflexion pour aller progressivement plus loin.
Et les autres peuvent avoir une
autre lecture... Que vient dire ce décalage ente l'intention
initiale et le message perçu ?
Là où je mets de la noirceur dans mon travail, les autres y trouvent une touche d'optimisme. Mais je ne m'en rends
pas compte. La partie maîtrisée de mon travail c'est celle qui me
sert à écrire. Et la partie non maîtrisée, c'est celle que les
gens perçoivent. Et donc je découvre un autre point de vue au
travers de leurs impressions. Cela complète mon information, mon
regard, sans pour autant le modifier, parce que ce que j'illustre ce
sont mes pensées ou mes ressentis.
Pour aller plus loin justement,
pouvez-vous mettre des mots sur la singularité de votre travail ?
Je pars de ce qui m'exprime sans tenir
compte des courants, sans regarder ce que font d'autres photographes,
sans m'inspirer d'effets de mode. Je roule en solo. Je ne m'inscris
pas dans une tendance, une école. Je ne m'inscris dans rien.
Après, j'ai de la considération pour
les photos des années 40 ou 50. J'aime cette époque au niveau
musique, photo, littérature aussi. Je fais pas mal de photos en noir
et blanc avec des ambiances glauques, style polar, inspirées de
films comme « L'assassin habite au 21 » ou encore « Le
corbeau », avec des plans aux détails bien léchés, des
éclairages bien maîtrisés. Tout ça c'est des choses qui ont bercé
ma jeunesse et qui ressortent maintenant. Mais je ne regarde pas les
autres pour faire pareil...
Galerie « La photo par passion »,
3, rue Toul al Laer 29000 Quimper.
Studio « La photo par passion »,
31 rue Jean Jaurès 29000 Quimper.
Tél. 02.98.53.34.90 ou
06.32.75.03.97.
Site : http://photo-par-passion.fr/
Site : http://photo-par-passion.fr/
je connais Thierry et j'aime beaucoup ces photos...
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