A cinq mois de fêter,
le 31 janvier 2015, au Nautile de la Forêt Fouesnant, la vingtième
édition de « Dance To The Bop », la mythique soirée
Rock’n' Roll quimpéroise régulièrement investie par plus de sept
cents danseurs, Pat le Meur créateur de la formule et professeur de
danse, à la MPT d'Ergué-Armel, pour la trente-deuxième saison d’affilée, nous livre
quelques confidences.
Comment est né le
Rock’n' Roll ?
Contrairement à ce que
j’entends dire, le Rock’n' Roll n’est pas une musique de rue.
Il est né dans les juke joints, et les honky tonks, une musique sur
laquelle les noirs américains dansaient. Le premier morceau connu,
sous toutes réserves, serait « Rocket 88 » de Ike
Turner, alors guitariste de « Jackie Brenston and his Delta
Kings ». C’était un délinquant notoire. Le Rock’n' Roll
n’est pas une musique de riches, mais une musique ouvrière, venue
des bas fonds. C’est plus tard que ce genre musical a explosé, en
1954, notamment en Angleterre, alors que les danseurs portaient les
belles fringues de l’époque. Mais aujourd’hui, il n’y a pas de
critère d’habillement, il n’y a pas de « Rock’n' Roll
attitude ». C’est ouvert à tout le monde. Il faut venir
comme on est. Il faut que ce soit naturel. Chaque individu doit
développer son style personnel, sur la base, bien-sûr, des passes
qu’il apprend en cours. J’en enseigne une centaine. Les bons
danseurs en utilisent vingt ou trente. Mais on n’est pas bon
danseur parce qu’on connaît beaucoup de passes. Les bons élèves
apprennent à écouter la musique et développent leur style
personnel, fluide, gracieux et dans le rythme. On peut aimer le
Rock’n' Roll à petite ou à grande dose et rester soi-même.
J’accueille tout le monde à bras ouverts. Je peux remontrer
cinquante fois, s’il le faut, un point technique à un débutant.
Depuis trente deux ans, je n’arrête pas d’expérimenter et de
remettre en cause ma pratique. On peut savoir danser, mais enseigner
c’est un métier. Evoquant certains cours concurrents, l'un de mes
amis a une formule sympathique : « N’allez pas voir des
copies quand vous avez l’original près de chez vous ! »
Et les musiciens ?
Sont-ils des copies ?
Il y a aujourd’hui de
très bons groupes de rock. Cela entretient la flamme. Mais ce n’est
pas l’âme des originaux, ceux qui ont créé les morceaux. Il
reste peu de pionniers encore vivants comme Chuk Berry. J’ai la
chance, après trois ans de correspondances assidues, d’avoir été
reçu en 1991 par Hasil Hadkins, dans sa cabane un peu délabrée en
pleine montagne de Virginie de l’Ouest, à 8 km de Maddison. Le
shériff de la ville et son adjoint se sont mis à rire quand je leur
ai demandé ma route. C’était lui aussi un délinquant et il les
aurait, disaient-ils, reçus quinze jours plutôt la Winchester à la
main. Il faisait partie des pauvres qui visiblement n’étaient pas
tous noirs. Cette rencontre fut un privilège que peu d’amateurs de
rock, même américains, peuvent évoquer pour eux-mêmes. A l’époque
je n’ai pas mesuré la rareté du moment.
L’affiche de
« Dance To The Bop 2015» est-elle connue ?
Trois groupes sont
annoncés : Mike Sanchez, T.Bo and the Boppers et the Dallan Fly
Cats ! Réservez dès maintenant votre soirée. Même si vous
n’êtes pas danseur, c’est une ambiance unique à découvrir.
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