Le
Dr Michel Quéméré, médecin généraliste (orientation
homéopathie), a fermé son cabinet du Braden à Quimper le 30 juin
2014. Bien qu'en ayant cherché il n'a pas trouvé de successeur. Et
pourtant il offrait de céder gratuitement sa clientèle, ses livres,
son matériel. Il livre un témoignage saisissant sur le métier.
Interview.
Pourquoi
une telle situation ?
«Achevant
ma carrière, j'ai laissé mon cabinet en déshérence, avoue-t-il.
Dès février 2014, j'ai invité mes patients à chercher un médecin
généraliste. Beaucoup m'ont révélé leur difficulté à en
trouver qui accepte de nouveaux patients.
Sur
175 nouveaux médecins inscrits, en 2013, au Conseil de l'Ordre du
Finistère, 6 ou 7 se sont installés. Les autres sont remplaçants
ou salariés. Il y a chez beaucoup, avec une autre vision de la vie,
le souhait de ne pas travailler à plein temps (70 % des
étudiants qui présentent leur thèse sont des femmes). Chez les
hommes aussi, on ne veut pas travailler comme un fou !
Si
je suis remplaçant, je n'ai pas de loyer, pas de taxe
professionnelle ou apparentée. J'échappe à la paperasse. La
« sécu » me fiche la paix. J'ai des congés payés. Pour
les médecins libéraux, la retraite aujourd'hui est à 67 ans. Avec
le statut salarié, c'est 62 ou 63 ans.
Malgré
son côté prestigieux et le relationnel agréable, ce métier
n'attire plus. De nombreux médecins dévissent leur plaque vers la
cinquantaine. C'est trop de contraintes. La consultation à 23€ n'a
pas bougé depuis des années. Et avec le tiers payant généralisé,
on va accentuer le côté prestataire de service. »
Nous
allons vers une raréfaction de l'offre de soins libérale ?
« Tout
à fait ! Si on regarde le nombre de médecins à Quimper qui
ont plus de 60 ans, on peut projeter que dans deux trois ans, ça va
exploser ! Les gens se tourneront vers SOS Médecins et les
urgences de l'Hôpital dont ce n'est pas la vocation. »
Que
proposez-vous ?
« Ma
solution c'est de composer, de manière pragmatique, avec
l'itinérance des médecins. Pour désengorger l'hôpital, on peut
imaginer un dispensaire d'accueil de jour, équipé de dix salles
d'examens, où se relaieraient cinq ou six médecins salariés, avec
un turn-over de jeunes remplaçants. Le sur-dimensionnement des
locaux serait délibéré pour pouvoir gérer, le cas échéant, une
épidémie.
Un
jeune pourrait décider d'y travailler, comme bon lui semble, trois
jours par semaine et se dire « j'ai un endroit où j'ai ma
place, où je peux bosser, où je suis utile à la cité. Et si je
suis femme médecin je peux m'occuper de mes enfants. »
Le
sujet n'est nouveau. Il y a des gens payés pour y réfléchir. Mais
ça n'avance pas ! Mon intervention vise juste à faire bouger
les lignes. Et je me retire aussitôt du débat. Il va falloir mener
une réflexion active vers un projet expérimental, des réunions
pluripartites avec la mairie, le Conseil général. Il faut ouvrir le
débat à Quimper, y compris aux gens de gauche, avec les instances
professionnelles, SOS Médecins, l'ARS (agence régionale de santé),
le Conseil de l'Ordre, etc... »
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